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Le défi des assos caritatives

 Hier, la région Occitanie a livré des produits alimentaires frais et locaux à trois associations du Tarn. photo DDM, MPV

Face à l’épidémie de coronavirus les associations caritatives du Tarn ont enregistré une hausse du nombre de bénéficiaires et une baisse de leurs revenus. Un défi de taille les attend dans les mois à venir. Pour les aider, la région Occitanie s’est engagée à leur livrer des produits frais et locaux.

Banque alimentaire, Restos du Cœur, Secours Populaire, Croix Rouge… Les associations tarnaises qui viennent en aide aux plus démunis sont formelles : à la crise sanitaire provoquée par le coronavirus, s’est greffée une crise économique et une crise sociale. "On a eu 40 % de demande en plus pendant le confinement, c’est grave", indique Claudine Albouy, représentante du Secours populaire. 1 000 familles ont été aidées en avril, "dont la moitié qui n’avait jamais sollicité une association comme la nôtre." De son côté, la Banque alimentaire du Tarn, qui fournit des associations locales, chiffre cette hausse des bénéficiaires à 20 %. Ces nouveaux demandeurs ont des profils variés selon Claudine Albouy : "des étudiants qui vivaient de petits boulots avant le confinement, des intérimaires dont les missions ont été annulées, des travailleurs mis en chômage partiel, des familles dont les enfants ne peuvent plus manger à la cantine…"

Moins d’entrées d’argent

Les associations ont donc dû mettre les bouchées doubles, alors même qu’elles ont fait face à la diminution de leurs bénévoles pour ne pas exposer les personnes à risque. Pire : pour certaines structures, les entrées d’argent se sont taries. "Fin juillet, on sera à environ 80 000 euros de pertes", estime le président de la Croix-Rouge, Jean-Paul Célarié. "Entre l’arrêt des collectes alimentaires, de la ramasse dans les supermarchés, des braderies et des vestiaires solidaires, on a perdu 100 000 euros depuis le 17 mars", calcule la représentante du Secours populaire.

Heureusement, la solidarité n’a jamais cessé. "Sans les bénévoles, rien n’aurait été possible", confesse Claudine Albouy. L’impression est la même pour Patrick Andrieu des Restos du Cœur : "Sur nos 470 bénévoles, 300 avaient été mis en retrait car ils étaient à risques. Mais suite à notre appel au volontariat, 80 personnes se sont portées candidates. Ça nous a donné un second souffle", reconnaît-il. L’association a aussi dû innover : "Au début, on a perdu 10 % de nos bénéficiaires, des retraités pauvres qui n’osaient pas sortir et venir nous voir", explique Patrick Andrieu. Les Restos sont donc allés à leur rencontre à Albi et ont réalisé des livraisons avec les CCAS de Lacaune et Brassac pour rompre leur isolement. La Croix-Rouge aussi a instauré un système de livraison de courses et de médicaments. "La demande est énorme, on réfléchit pour pérenniser cette action", confie Jean-Paul Célarié.

Hier, la Région Occitanie a donné un coup de pouce à trois associations en leur livrant des produits frais et locaux (voir encadré). Une "belle opération" selon Bernard Cabrol de la Banque alimentaire. Mais malgré cette aide, leurs stocks ne suffiront pas à tenir tout l’été. "Et rien ne dit que la précarité ne va pas continuer d’augmenter dans les mois à venir", redoute le responsable régional.

La Région se mobilise

Hier, une première livraison de produits frais et locaux financée par la région Occitanie est arrivée dans les hangars de la Banque alimentaire. Ce don fait à la Croix-Rouge, au Secours Populaire et aux Restos du Cœur permettra de réaliser des colis pour 2000 Tarnais. Objectif: "soutenir les familles dans la précarité et leurs associations et aider les agriculteurs locaux en difficulté pour trouver des débouchés à leurs produits", a annoncé l’élue régionale Claire Fita. L’action a été réalisée avec l’aide de la Chambre d’agriculture du Tarn. Deux autres livraisons arriveront en juin.