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Le Secours catholique livre ses chiffres de la pauvreté dans le Tarn et l'Aveyron

La détresse alimentaire a augmenté avec la crise sanitaire. (©Illustration Fabien Hisbacq – Actu Occitanie)

La délégation Tarn-Aveyron-Lozère du Secours catholique tire le bilan de l'année 2021. Un état des lieux de ses actions mais aussi de la pauvreté qui touche le territoire.

 Chaque année le Secours catholique dresse un état des lieux de la pauvreté en France selon ses propres statistiques. La délégation Tarn-Aveyron-Lozère, qui a été regroupée depuis septembre 2020 à Rodez (Aveyron), détaille les chiffres de son territoire et note une augmentation de la détresse alimentaire.

 « Du fait des bouleversements ayant eu lieu depuis le premier confinement du printemps 2020, et des contraintes d’organisation qui en ont découlé, les équipes n’ont pas pu accueillir physiquement autant de personnes que les années précédentes », explique d’abord la délégation locale de l’association.

Maintenir le lien

« Pour autant, nos bénévoles ont eu à cœur de s’adapter. Rester physiquement présent dans tous les territoires fut le maître-mot de notre engagement solidaire. Nous nous sommes efforcés de réorganiser nos ateliers et activités conviviales dans le respect des contraintes sanitaires mais avec le souci constant de maintenir le lien et la présence à l’autre qui sont au cœur et au fondement de notre engagement », souligne le Secours catholique.

1 314 bénévoles

La délégation Tarn-Aveyron-Lozère (TAL) peut pour cela compter sur ses 1 314 bénévoles et 57 équipes locales. Et sur le soutien de 4 640 donateurs actifs.

 Sur ce territoire, 6 138 familles et personnes sont soutenues et accompagnées par l’association, tandis que 2 098 personnes sont impliquées dans les groupes conviviaux ou des actions collectives.

L’alimentation comme enjeu prioritaire

Si les aides et activités de l’association sont multiples, « la crise sanitaire a accentué les détresses alimentaires », indique le Secours catholique. « Pour y faire face, et dans la volonté de contribuer à promouvoir des solutions pratiques assurant à tous un accès digne à une alimentation durable et de qualité, les équipes locales du Secours Catholique se sont prioritairement investies dans leurs activités de Jardins Solidaires, d’ateliers cuisine, de repas partagés, de moment conviviaux, etc. »

C’est le cas au jardin solidaire de Millau (Aveyron), où 17 parcelles sont proposées à des familles qui s’engagent à exploiter la terre de manière responsable. « Nous allons créer un espace de 100 m², qui sera réservé à un espace collectif où on aura une petite production que l’on redistribuera à des familles qui sont dans le besoin pour leur offrir des paniers », explique le bénévole référent Sacha.

 Mais c’est aussi le cas aux Jardins de l’Olivier à Castres ou Jean-Rodhain à Labruguière (Tarn).

Les 25-39 ans sont les plus touchés

Côté statistiques, la délégation TAL du Secours catholique décrypte les âges des personnes accueillies. 35 % ont entre 25 et 39 ans. 21 % ont entre 40 et 49 ans et autant entre 50 et 59 ans. 14 % ont plus de 60 ans et 9 % moins de 25 ans. La moyenne d’âge est plus élevée qu’au niveau national, où il n’y a par exemple « que » 6 % de plus de 65 ans.

Beaucoup de femmes seules, avec ou sans enfants

Concernant le type des ménages accueillis, c’est l’homme seul qui domine (27,6 %). Mais derrière viennent la femme seule (23 %) et la mère isolée (22,6 %). Viennent ensuite les couples avec enfants (18,4 %), puis les couples sans enfants (5 %) et enfin les pères isolés (3,4 %).

Il y a 31 % de personnes étrangères et les données font état parmi elles de 39 % des personnes en règle, 25 % avec un statut en attente, 16 % dont la situation n’est pas connue, 13 % sans papiers et 7 % issues de l’Union européenne. La proportion d’étrangers est donc inférieure à la moyenne nationale, où elle est en augmentation constante est atteint les 46 %.

757 euros par mois en moyenne

Enfin, pour ce qui est des ressources mensuelles, le Secours catholique TAL a calculé que le niveau de vie médian des personnes accueillies était de 757 euros par mois pour le Tarn et l’Aveyron. Les revenus sont plus bas en Lozère (675 euros).

Par ailleurs, 21% des personnes accueillies en Tarn-Aveyron-Lozère disposent de moins de 400 euros par mois.

L’eau source d’impayés

Les impayés disent aussi beaucoup de la pauvreté. Le Secours catholique note par exemple qu’ils sont principalement liés au logement (38 %) ou à l’énergie (électricité, combustibles, etc. 38 % aussi). Mais en Tarn-Aveyron-Lozère, le prix de l’eau est aussi un problème, puisqu’il est à l’origine de 29 % d’impayés contre 18 % au niveau national.

82 % des personnes accompagnées ont un logement stable, le reste ayant un logement dit « précaire ». C’est heureusement moins qu’au niveau national (32 %).

Un besoin d’écoute

Le Secours catholique a aussi étudié les besoins des personnes aidées. Dans la zone TAL, elles demandent avant tout de l’écoute (64 %, contre 57 % au niveau national). Viennent ensuite l’alimentation (45 %) et l’aide financière (31 %).

Face à ces constats, le Secours catholique estime qu’assurer le droit à l’alimentation, c’est mener de front lutte contre les inégalités sociales et transition écologique des systèmes alimentaires et agricoles. Ce qui suppose :

  • Des moyens financiers pour accéder à une alimentation de qualité : Un meilleur accès aux revenus du travail, un revenu minimum garanti pour tous les adultes en situation régulière, sous conditions de ressources, un accès simplifié aux droits sociaux.
  • Une offre durable et de qualité accessible dans les territoires. Promouvoir des cantines durables et solidaires (tarification sociale dans toutes les cantines scolaires, de la maternelle à l’université, avec un soutien fort à l’évolution de l’approvisionnement), promouvoir des filières soutenables et rémunératrices des producteurs et productrices, encourager les initiatives de solidarité alimentaire ouvertes à toutes et tous, et coconstruites avec des personnes en situation précarité ; développer la présence d’une offre alimentaire de qualité dans les territoires les plus pauvres.
  • Avec les personnes en situation de précarité, reprendre en main notre alimentation. Mettre en place une gouvernance de la transition alimentaire inclusive, à toutes les échelles territoriales pertinentes, avec les personnes en situation de précarité, dédier des moyens pour assurer de réelles conditions de participation aux personnes concernées par la précarité alimentaire pour le suivi et l’évaluation des politiques sur le sujet : soutien à la mobilisation, information, formation, etc.