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Combien coutent les aides sociales en France et permettent-elles de lutter contre la pauvreté ?

les aides sociales en France et permettent-elles de lutter contre la pauvreté ?

À l’aube de la présentation du plan Pauvreté du gouvernement qui devrait inclure une réforme des prestations sociales, voici quelques clés pour mieux comprendre de quoi il s’agit, qui en bénéficie et combien cela coute à l’État.

Le poids des minima sociaux sur le budget de l’État

Le problème que pose le versement de minima sociaux sur le budget de l’État vient du fait que ce sont des prestations non contributives, c’est-à-dire qu’à l’inverse de l’allocation chômage pour laquelle on cotise pendant les années d’activités, les personnes qui touchent les minima sociaux y ont droit en vertu du principe de solidarité, sans contrepartie. Ils servent à lutter contre l’exclusion des personnes qui n’ont pas ou très peu de revenus.

Il y a actuellement 10 allocations non contributives en France qui font partie des minima sociaux dont le RSA (Revenu de Solidarité Active), le minimum vieillesse (Aspa), l’allocation de solidarité spécifique (ASS) et l’allocation adulte handicapé (AAH)

7 millions de personnes (conjoints et enfants à charge inclus) ont bénéficié de ces aides sociales en 2016 ce qui représente 11 % des Français (de France métropolitaine). Dans les départements d’outre mer, un tiers de la population perçoit un ou plusieurs minima sociaux.

Combien la France verse-t-elle en minima sociaux chaque année ?

Quand le Président de la République parlait en juin 2018 du « pognon de dingue » que les minima sociaux coutent à l’État, concrètement, pour l’année 2016, ce montant s’est élevé à 40,5 milliards d’euros lorsque l’on cumule minima sociaux (26,6 milliards d’euros), dispositifs de lutte contre la précarité (11,9 milliards d’euros) et mécanismes fiscaux pour les personnes précaires (2 milliards d’euros).

En ajoutant à cela le budget alloué aux aides au logement (10 milliards d’euros) et les allocations familiales (6,4 milliards d’euros), on arrive à 57 milliards d’euros (2,6 % du PIB), sans inclure les aides aux dépenses médicales.

Le budget alloué à la lutte contre la précarité en France est beaucoup plus élevé que celui des autres pays européens.

Les aides sociales sont-elles efficaces ?

Benjamin Griveaux a récemment déclaré que le gouvernement souhaitait apporter des changements au RSA pour le rendre plus « efficace ». Pour l’exécutif il s’agit avant tout de privilégier le retour à l’emploi.

Toute proportion gardée, les minima sociaux ont en revanche une efficacité indéniable sur le taux de pauvreté en France. En effet, sans le versement des prestations sociales, le taux de pauvreté en France aurait atteint 21 % en 2016 au lieu des 14 % auxquels il s’est maintenu.

Les aides sociales accordées aux personnes les plus précaires permettent aussi d’atténuer les inégalités sociales. En France, les ménages aisés ont environ 3 fois plus de moyens que les ménages précaires, en excluant les « très riches ». Sans aides sociales, nous aurions un pays où « les riches » auraient 6 fois plus de moyens que « les pauvres ».

Les personnes âgées bénéficient plus des minima sociaux que les jeunes

« Les prestations sont beaucoup plus focalisées sur les personnes âgées qui, depuis 10 ans, ont un risque de pauvreté moindre que les personnes jeunes en France », selon Michael Förster, chargé des politiques sociales au sein de l’OCDE.

En revanche, 3 millions d’enfants vivent actuellement sous le seuil de pauvreté en France (1 enfant sur 5), un chiffre qui cache en fait la précarité de leurs parents, mais qui a des conséquences évidentes sur leur qualité de vie. Une partie des mesures anti-pauvreté annoncées ce jeudi devrait particulièrement cibler les très jeunes.