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La lutte contre le gaspillage alimentaire se heurte encore à beaucoup d'obstacles

Les dons alimentaires posent parfois des problèmes logistiques et de stockage insurmontables aux associations. Surtout pour les produits frais. AFP PHOTO/ANNE-CHRISTINE POUJOULAT (Photo by ANNE-CHRISTINE POUJOULAT/AFP) - ANNE-CHRISTINE POUJOULAT/AFP

La 6ème Journée nationale de la lutte contre le gaspillage des aliments met en avant les actions qui se multiplient. Le volume des dons ne cesse de progresser, mais leur gestion demeure complexe.

La lutte contre le gaspillage alimentaire en France est mise en avant ce mardi à l'occasion de la 6e Journée nationale, organisée par le ministère de l'Agriculture en écho à la Journée mondiale de l'alimentation de la FAO. Le volume des dons alimentaires aux associations progresse, de 39.000 tonnes en 2015 à 45.000 tonnes l'an dernier, et le nombre de magasins se livrant à cette redistribution aussi, de 2.100 à 2.600, indique Jacques Bailet, le président du réseau des banques alimentaires, qui regroupe 79 associations. « Cela représente 14 millions de repas de plus », se félicite-t-il.
Pour autant, bien des obstacles restent à surmonter. Comme, par exemple, celui posé par les dates de péremption des produits, accusées de semer la confusion dans l'esprit du consommateur et de contribuer à 20 % du gaspillage dans les foyers. Mais à entendre les acteurs du secteur grande distribution, monde agricole et associations-la situation a évolué favorablement depuis la loi Garot de février 2016 qui interdit de jeter les produits toujours comestibles.

Nouvelles mesures

La loi alimentation votée mi-septembre a étendu à l'industrie alimentaire et à la restauration collective (cantines en tous genres) l'obligation faite aux GMS de proposer les produits inutilisés et non périmés aux associations. Les termes de ces dons (quantités, fréquence, nature des produits) sont définis dans le cadre deconventions.« Les associations ne sont pas toujours intéressées. La collecte et la gestion des produits frais sont parfois trop compliquées à gérer pour les associations », souligne le ministère de l'Agriculture. Les entreprises ont désormais l'obligation de publier leurs actions dans ce sens. Des actions d'éducation à la nutrition et de sensibilisation des enfants au gaspillage alimentaire seront également mises en place avec l'aide des enseignants.
« La loi a fait progresser les mentalités », observe également Pierre-Yves Pasquier, président et cofondateurde la société Comerso. Celle-ci s'attache à valoriser pour le compte des enseignes de la distribution les produits jusqu'alors considérés comme ne pouvant plus figurer dans les rayons. « On arrive en moyenne à générer l'équivalentd'uneprogressionde5% du chiffre d'affaires d'un magasin », soutient le dirigeant.

Des dons portés par le mécénat

Les produits sont maintenus dans le circuitcommercialsurunecourtepé
riode pendant laquelle ils sont proposés à la vente à - 50 %. Mais c'est la carte du mécénat, sur laquelle Comerso s'emploie à les faire jouer, qui s'avère la plus avantageuse pour les entreprises. La déclaration des dons alimentaires « leur permet de récupérer 60 % de la valeur de leur marchandise en réduction d'impôt », explique son dirigeant. Sa société se charge de rapprocher l'offre de la demande.
Ce mécanisme d'exonération fiscale, consentie dans la limite de 0,5 % du chiffre d'affaires de l'entreprise bénéficiaire, fait également les affaires des associations qui craignent de le voir remis en cause. « Un amendement à la loi de finances 2019 adopté la semaine dernière en commission des finances semble vouloir limiter ce dispositif avec un montant d'exonération plafonné à 10millions d'euros », s'inquiète Jacques Bailet. Ce scénario, s'il devait se confirmer, pourrait avoir un effet dissuasif sur les grands donateurs, comme Carrefour qui a reversé à l'aide alimentaire 12.000 tonnes de produits pour une valeur équivalent à 36 millions d'euros.