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Contre le gaspillage, une 2e vie pour les fruits et légumes

L'atelier permettrait de prolonger la durée de vie de produits que gèrent les associations comme la Banque alimentaire. C. B.

Un atelier de transformation de fruits et légumes sur lequel planchent Agglo et Covaldem aurait pour atout premier de rallonger la durée de vie de produits destinés tant à la restauration collective qu'aux associations qui œuvrent pour les dons alimentaires.

Il n'est pour l'heure certes question que d'une étude d'opportunité et de faisabilité économique. Mais Carcassonne Agglo, et plus particulièrement son Pôle stratégie territoriale, économie et emploi, ainsi que le Pôle développement durable du Covaldem (collectivité intercommunale de collecte et valorisation des déchets ménagers de l'Aude) ont bien choisi de plancher sur la création d'un atelier de transformation de fruits et légumes.

Le gaspillage alimentaire est l'un des points justifiant le projet étudié par Agglo et Covaldem. Depuis 2016, la loi contraint la grande distribution à renforcer ses dispositifs pour favoriser la redistribution de ses invendus au profit des associations caritatives. Un principe louable. Mais, en raison de capacités de stockage limitées, précise l'Agglo, «les associations éprouvent des difficultés à gérer ces flux supplémentaires qui nécessitent une réponse immédiate pour assurer la redistribution» Avec l'atelier, ces produits transformés verraient leur durée de consommation prolongée.

Évidente utilité également déclinée du côté de la valorisation et du développement des productions agricoles locales. Là encore pour répondre à une lacune. Si le principe de la consommation en circuits courts dans les établissements scolaires suscite une adhésion unanime, l'Agglo pointe là aussi un écueil : les «difficultés de développement de l'approvisionnement des cuisines des collèges et Ehpad», avec «des problématiques de saisonnalité pour les fruits et légumes et d'un manque de production en produits locaux, malgré une demande locale forte de la restauration hors domicile» Obstacle auquel l'atelier de transformation, consacré aux produits de 4e et 5e gammes (*), permettrait là encore de répondre.

Voilà tout l'enjeu de l'étude de marché et d'opportunité bientôt lancée. Un document qui, avec une vision sur 5 ans, devra recenser les capacités d'approvisionnement et les perspectives de redistribution pour le territoire, de la grande distribution aux grossistes (pour la restauration collective), en passant par les producteurs locaux, la restauration traditionnelle ou les particuliers qui pourraient être séduits par l'outil.

Un atelier qui se situerait enfin dans la perspective de l'économie sociale et solidaire, en privilégiant l'emploi de personnes en insertion.

(*) 4e gamme : fruits et légumes conditionnés (lavage, triage, épluchage,.) sans aucun élément contribuant au rallongement de leur durée de vie, mais dont l'évolution est ralentie par les conditions de stockage et de filmage ; 5e gamme : fruits et légumes dont le processus de cuisson (pasteurisation, stérilisation) rallonge la durée de vie.


Région, Banque alimentaire,…

Plusieurs autres partenaires sont associés au projet et feront partie du comité technique mis en place pour suivre l'étude : la Région, qui a d'ailleurs voté une aide de 8 000 € pour l'étude ; le conseil départemental, concerné par le sujet avec sa plateforme Agrilocal pensée pour favoriser l'approvisionnement des collèges ou Ehpad en produits locaux ; la Banque alimentaire de l'Aude, destinataire majeur des invendus en fruits et légumes de la grande distribution ; la chambre d'agriculture, indispensable interlocuteur du secteur ; ou encore l'Ademe (agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), dont le programme «Territoire économe en ressources», porté dans l'Aude par le Covaldem, a justement fait de la création d'un atelier de transformation de végétaux une action prioritaire de la lutte contre le gaspillage alimentaire.