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Albi. À Champollion, l’épicerie solidaire, marqueur de la précarité étudiante

Hiasnie vient chaque jeudi remplir son panier et discuter avec les bénévoles du Secours populaire./DDM, E.C.
Depuis 2009, une épicerie tenue par le Secours populaire vient en aide aux étudiants en grande difficulté financière. Pour 1,20 euro, chacun peut repartir avec un panier de produits alimentaires et d’hygiène.

  Il est 14 h 30 à l’université Champollion. Dans le local de l’épicerie sociale et solidaire, Marie-Claire Sanchez et Marie Giroussens attendent la venue des prochains étudiants. Beaucoup sont passés vers 13 h 30 avant que les cours ou les partiels recommencent. Tous les jeudis, de 13 h 30 à 17 h, les étudiants dans le besoin peuvent venir s’approvisionner en produits alimentaires et d’hygiène. "On demande 1,20 euro pour un panier qui vaut environ 25 euros", indique Marie-Claire Sanchez. Féculents, céréales, boîtes de conserve, yaourts ou encore dentifrices et serviettes hygiéniques sont autant d’éléments disponibles dans les rayons du local.

Moins de 500 € de ressources

La condition pour bénéficier de cette distribution : avoir moins de 500 euros par mois de ressources. Cette année, 12 étudiants sont inscrits sur la liste. "On a eu jusqu’à 50 bénéficiaires, on ne sait pas pourquoi cette année il y a si peu de monde", s’interroge la responsable de l’épicerie. À 15 h 30, Hiasnie débarque tout sourire dans le local. Cette Malgache de 23 ans est arrivée à Albi à la rentrée. Elle n’est pas boursière et malgré l’aide financière de ses parents, "quand on convertit en euros, il ne reste plus beaucoup", raconte l’étudiante en électronique. Son premier panier de course en France lui a coûté 30 euros "et il n’y avait pas grand-chose dedans…". Depuis qu’elle est inscrite à l’épicerie, elle peut souffler un peu. Et l’accueil que lui réservent Marie-Claire et Marie lui fait chaud au cœur. Tandis qu’elle reste discuter un peu avec les bénévoles, Celina et Zina, deux étudiantes en licence d’anglais viennent remplir leur panier. Après avoir entamé leurs études en Algérie, elles se sont retrouvées par hasard à Albi et ne se quittent plus depuis. "J’ai un loyer de 350 euros à payer, plus l’électricité, l’eau, le téléphone, énumère Celina. Et un prof nous a demandé d’acheter un livre à 60 euros… On n’est pas boursières et nos parents nous aident quand ils peuvent." Autant dire que le panier est un soulagement pour elles. "On achète la base ici puis on complète en supermarché", explique Zina.

Un panier spécial à Noël

Jeudi prochain, une surprise attend les 12 bénéficiaires : un panier de Noël avec des produits de qualité supérieure. "Et le Secours populaire leur offre aussi un cadeau…", sourit Marie-Claire Sanchez.

Cela fait maintenant onze ans que l’épicerie est installée sur le campus albigeois. "C’est mon bébé", déclare, émue, Christine Racour, du pôle santé social de Champollion. C’est elle, qui, avec Claudine Albouy, directrice du Secours populaire du Tarn l’a mise en place. Une première en France, selon Christine Racour. "Cette année, j’ai appelé les enseignants à donner des vêtements", poursuit-elle. Et les dons sont au rendez-vous. "Avec les autres dispositifs, les étudiants ont une prise en charge complète", se réjouit la responsable. "Avec l’épicerie, ils ont au moins de quoi manger."

Des aides financières et psychologiques

Plusieurs dispositifs sont mis en place par l’université pour accompagner les étudiants précaires. Des aides financières comme le fonds de solidarité de Champollion et l’aide spécifique d’allocation ponctuelle du Crous (ASAP). Les étudiants peuvent aussi rencontrer une assistante sociale pour être informé sur les aides dont il peut bénéficier et l’accompagner dans ses démarches. Depuis la rentrée, des permanences avec des psychologues ont été instaurées pour que les étudiants puissent exprimer leur mal-être en cas de besoin.